Alain Peyrache sensei
O sensei Morihei Ueshiba N. Tamura shihan
N Tamura shihan et A Peyrache sensei
Notre professeur Alain Peyrache nous raconta un jour une des conversations qu'il avait eu avec son
professeur Maître Tamura.
Celui-ci lui demanda
"Quand O Sensei n'était pas là, vous faisiez cours en tant qu'uchi deshi,
mais vous étiez très jeune 18 20 ans…
il y avait forcément dans ce cours de vieux pratiquants hauts gradés, beaucoup plus que vous
qui n'aviez aucun grade…
ne venaient-ils pas faire "péter leurs galons" et vous poser des problèmes… »
Me Tamura répondit la chose suivante, après un petit sourire qui lui rappelait des souvenirs…
O Sensei nous avait attribué la responsabilité du cours en son absence, personne ne se permettait
de discuter ou d'avoir un avis sur ce que le maître faisait. Cela ne venait à l'idée de personne.
Ceux qui auraient été tenté
comme ces fameux hauts gradés dont vous parlez connaissaient la réponse de notre part : elle
aurait été martiale et physique de notre part.... aucun n'a eu ce courage ou ce manque d'éducation ou
d'irrespect envers O sensei…
Si cela ne leur plaisaient pas, ils ne venaient pas c'est tout, sinon ce qui était
le cas le plus souvent, ils pratiquaient normalement car tout pratiquant d'aïkido travaille
à son progrès et le reste n'a aucune importance, il n'est pas là pour épater la
galerie ou montrer son égo ce qui serait un signe d'incompétence et de manque de maîtrise.
Nous étions là nous uchi deshi pour accomplir notre tâche, pour notre formation et eux nous aidaient en général
car ils maitrisaient l'aïkido.
En un mot ils aidaient aussi de cette façon O sensei leur professeur, on ne faisait que faire notre job
ils le savaient.
Par contre nous jeune pratiquant en pleine santé à relever tous les défis, à tester un peu tout le monde...
Lorsqu'il arrivait un personnage que l'on ne connaissait pas à qui O Sensei avait demandé de faire cours,
on n'était pas très respectueux (les jeunes...). N'étions-nous pas les élèves proches d’O Sensei
le plus grand maitre d'aïkido ? Donc dans notre tête, plus compétent que ce personnage qui arrivait d’on ne sait d’où...
O Sensei lui avait demandé de faire cours ok, alors on va voir s'il fait le poids.
Aussi notre salut, à peine poli juste une inclinaison minimale était remarquée de celui-ci.
Très souvent le personnage en question s'en apercevait, mais ne relevait pas et commençait
tranquillement son cours, force est de constater que très souvent nous étions des rigolos face à
cet inconnu, on s'en apercevait très rapidement et notre salut final était lui des plus respectueux.
Nous mettions longtemps avant de relever le buste, ce qui déclenchait en général un petit sourire
en coin du personnage satisfait d'avoir remis les choses à leurs places et je pense de notre
bonne éducation. Sans doute plus jeune avait-il dû faire la même erreur.
Tamura sensei Alain Peyrache conversations maitre / élève
Lorsqu'on connaît cette histoire on comprend pourquoi Alain Peyrache laisse le cours parfois à des gens
qui ne sont pas ses élèves, ou à des gens qui sont ses élèves mais que l'on ne connaît pas.
C'est simplement qu'il veut attirer notre attention et compléter notre formation et former notre jugement.
Nous ne connaissons que notre dojo de Tassin centre du monde, notre professeur lui est engagé avec des gens
que nous ne connaissons même pas, il agit dans divers pays, c'est pourquoi nous ne pouvons pas tout comprendre
dans ce qu'il fait.
Donc quand on ne sait pas et que l'on s'interroge il suffit de lui poser la question, il répond mais attention la
réponse ne vous plaira pas toujours et ne confortera pas toujours ce que vous pensez.
Beaucoup de gens posent des questions ils n'attendent pas une réponse mais juste qu'on leur dise vous avez raison, leur égo a besoin de cela ...
Beaucoup de gens se réclament de Maître Tamura, même ceux qui ne l'ont pratiquement jamais vu… ça les valorise et c'est pour cela qu'ils font référence à lui "pour leur promotion personnelle" la seule chose qui les intéresse, ceux qui savent et ne se trompent jamais.
L'élève est à l'image du maitre
Chaque fois qu'Alain Peyrache fait référence à Tamura c'est pour nous apprendre un des enseignements
qu'il a reçus de ce maître.
Ceux qui ne connaissent pas cette histoire, ou qui arrive de nos jours dans l'aïkido
sans repères ont très peu de chances d'enseigner cette partie de l'aïkido correctement.
En général on retrouve un fonctionnement sportif qui n'a rien à faire là.
Il s'agit pourtant d'une partie importante de la pratique et de repères fondamentaux.
Autre anecdote
Me Tamura a toujours en diverses occasions donné le cours à différents professeurs japonais de passage,
pour l'éducation de ses élèves. Quel meilleur moyen de les connaître et de se faire une idée.
Il n'est donc pas étonnant de retrouver chez Alain Peyrache le même fonctionnement.
Un jour, un de ces visiteurs visiblement pas à la hauteur
provoqua une question d'Alain Peyrache à Maître Tamura son professeur.
« Pourquoi avez-vous donné le cours à M..... Il n'est visiblement pas un pratiquant d'aïkido très compétent… »
Il fallait oser, et il s'attendait à une remontée de bretelles… mais qu'importe...
Mais Il était coutumier pour lui d'agir ainsi et y prenait un malin plaisir. Sa franchise,
et sa spontanéité, voir quelquefois sa provocation, quelquefois même si elle lui value les
gros yeux, une expression dégoûtée, quelques séries de koshinage ou quelques démonstrations un peu rudes ;
ont fait qu’il a toujours été apprécié de Maître Tamura. Alors que beaucoup ne disaient rien,
quand ils ne disaient pas l'inverse de ce qu'ils pensaient, pour paraître plus beau qu'ils
n'étaient aux yeux du maître, une illusion car celui-ci n'était pas dupe et détestait ces flagorneries.
Me Tamura de répondre :
« l'aïkido c'est comme la nourriture, si vous mangez des choses pas comestibles vous tombez malade.
Donc si en aïkido un cours ne vous convient pas, inutile de vous polluer et de perdre votre temps,
vous saluez et vous partez… » ponctué d'un clin d'œil et d'un sourire.
Nous qui sommes élèves aujourd'hui d'Alain Peyrache on sait très bien, qu'il peut être brut de
décoffrage parfois, nous avons fait le loup quelques séances au dojo de Tassin.
Voilà donc ce qui résume ce qui va suivre. Quel meilleur exemple qu'O Sensei et ses uchis deshis… et l'apprentissage de notre maitre.